Quelle est ma pratique de l’Anthropologie ?2019-10-05T23:43:39+02:00

Ma pratique de l’Anthropologie

(retour réflexif sur des appétences méthodologiques)

Comme je l’expliquais dans une autre de page de ce site, l’Anthropologie est un champ d’étude qui caractérise une recherche en l’inscrivant dans une certaine tradition disciplinaire et méthodologique. Toutefois cette caractérisation semble encore trop vaste : il existe autant de manière de pratiquer l’anthropologie, qu’il existe de terrains et de chercheurs. Dès lors, si je ne peux évidemment pas présenter l’ensemble des terrains que je pourrais être amené à étudier, je pense qu’avoir un rapport réflexif quant à sa pratique est quelque chose qui peut être intéressant. En effet, à force d’être dans un processus de recherche, à force d’être au contact de ses terrains d’études, je crois qu’un chercheur peut se rendre compte d’une certaine affinité méthodologique. Celle-ci ne l’empêche pas de « faire autrement » et d’expérimenter de nouvelles méthodes, mais celle-ci détermine d’une certaine manière nos recherches. Prendre conscience de cette affinité méthodologique (ou tout du moins essayer) et en rendre compte me semble donc deux choses importantes. Et c’est ici ce que je vais essayé de faire en vous présentant de manière plus exhaustive ma façon de pratiquer l’anthropologie.

 Quelle posture méthodologique prendre ?

Définir une posture méthodologique est toujours quelque chose de délicat, parce qu’en tant que science inductive, celle-ci ne dois pas être figé : elle se façonne et s’adapte en fonction de notre terrain. Pour autant, chaque chercheur s’adapte aussi en fonction de ses moyens matériels, financiers, mais aussi intellectuels. Dès lors, l’un des premiers travail du chercheur est justement de préciser ces moyens (non pas pour se limiter dans ces choix d’enquêtes mais pour voir, au contraire, dans quelle mesure celles-ci sont possibles). Au niveau matériel et financier, le constat pour se rendre compte de nos moyens est généralement assez évidement. Pour ce qui est de nos moyens intellectuels, cela est néanmoins plus complexe, et cela nécessite un travail réflexif, un regard sur soi, afin de déterminer (en tout cas de réfléchir) sur nos tenants, nos aboutissants, nos appétences et nos volontés scientifiques. C’est ce que je vais essayer de préciser ici en vous présentant différents aspects de ma méthodologie (cliquez sur les images pour accéder aux pages) :

Le retour d’enquête et le processus d’objectivisation du terrain

Si l’Anthropologie est une discipline réflexive, elle n’en reste pas moins aussi une discipline productive (bien que cette dimension ne soit que très peu mise en avant). Bien souvent d’ailleurs, sur le terrain, notre présence s’accompagne d’une question à ce sujet : « pourquoi sommes-nous là ? » ou plutôt « nous sommes là pour faire quoi ? ». Cette question me semble tout aussi pertinente qu’elle est trop fréquemment oubliée. Oui, comme le journaliste, l’anthropologue est lui aussi sur son terrain pour faire quelque chose. Évidemment, les modalités de cette « chose » ne sont pas les mêmes que celle d’un journaliste : l’anthropologue dispose normalement de de plus de temps d’enquête qu’un journaliste, et les contraintes productivistes auquel il est soumis sont plus faibles. De fait, il peut davantage faire évoluer les modalités de ce qu’il produit, in vitro, pendant l’expérience avec le terrain (ce qui évidemment influe sur sa production finale). Néanmoins, l’anthropologue est aussi présent sur le terrain, pour « faire quelque chose » : produire des connaissances non pas uniquement pour son usage personnel, mais aussi partageables à d’autres (notamment à ses pairs : la communauté scientifique, son terrain, etc). Cette phase de « retour d’enquête » est un moment particulier. Il s’agit pour l’anthropologue de conclure un travail. Il s’agit de rendre compte de l’expérience sensible et vivante qu’il a vécu, et pour cela, il doit l’objectiver : en faire un objet (quelque chose qui n’est donc plus sensible et vivant, mais, au contraire, arrêté et limité). Toute la complexité de l’écriture est là. Paradoxalement, alors que le sujet est complexe et mériterait donc d’être approfondie, je n’ai eu que très peu de cours sur la question pendant ma Licence et mon Master. Je vous propose donc ici quelques réflexions que j’ai pu tirée de mes propres expériences d’écriture en science humaines et sociales.

Se professionnaliser avec l’anthropologie ?

La question de la professionnalisation de l’Anthropologie m’a longtemps préoccupée. Même si je n’avais pas réellement choisi mes études en sciences humaines et sociales pour des raisons purement professionnelles, dans les dernières années de mon cursus universitaire, je sentais que j’avais besoin de continuer cette pratique (et réutiliser les compétences apprises) dans mon futur métier. Problème : je devais me confronter à l’idée et au scepticisme tant et tant entendu : l’anthropologie sociale ne mène qu’à être professeur, il n’y a pas de débouchée. Et pour me confronter à cette idée, pour aller à son encontre, je devais m’affirmer.

Sans avoir la prétention de faire le tour de la question (qui est infini et dépend vraiment du cursus, du parcours, des envies, et des attentes des personnes voulant se professionnaliser avec l’anthropologie), j’aimerais revenir ici sur mon parcours autour de cette question. Pour cela, j’ai rassemblé mes réflexions autour de deux questions qui me semblent fondamentale en matière de professionnalisation :

La question de la médiation de la recherche

Ma découverte de l’Anthropologie fut un heureux hasard. En commençant ce cursus, je n’imaginais pas que celui-ci allait aider à me professionnaliser. Un peu candidement, j’envisageais davantage faire une carrière dans le domaine du cinéma, en tant que réalisateur. Peu à peu, l’Anthropologie a pourtant pris une la place de plus en plus importante dans mon parcours personnel et professionnel. Je me rendais compte quelle me nourrissait, que j’en avais besoin pour faire mes films. Paradoxalement, je ne me voyais pas devenir enseignent-chercheur, tout comme je ne me voyais pas devenir non plus intermittent du spectacle. Pour moi, l’un devait aller avec l’autre. Je me rendais peu ) peu compte que je me retrouvais dans un entre-deux, dans la médiation de la recherche par l’audiovisuel. Dès lors, il me semblait important d’interroger cette question de la médiation. C’est ce que je vous propose ici, à travers les trois points ci-dessous :

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Dans le chapitre suivant, je vous présente les travaux anthropologiques que j’ai effectué

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