Le choix des terrains dits « proches »
Travailler sur un terrain lointain ne m’a jamais vraiment attiré. Les tribus indiennes d’Amériques, les ethnies d’Afrique, ou tous ces sujets dits « exotiques » m’ont toujours paru comme quelque chose d’étrange (de justement trop exotique pour que je puisse l’étudier). Je n’ai jamais été vraiment amené à rencontrer avec ces populations, et il n’y a jamais eu en moi ce fantasme de « l’Autre lointain » qui aurait pu m’amener à faire le premier pas. À l’inverse de certains de mes camarades de cours, je suis arrivé dans la discipline un peu par hasard. Je voulais faire du cinéma, et j’avais choisi l’Anthropologie simplement comme discipline complémentaire (parce que Wikipédia disait qu’il s’agissait de science humaine et que je me disais que cela pouvait avoir un intérêt dans ma démarche cinématographique). Je n’avais donc pas lu de livre d’Anthropologie, et je pensais que Levis Strauss était surtout une marque de jean. Mon imaginaire n’était pas peuplé de récits de « grands explorateurs », allant au delà des frontières du connus, à « la rencontre de l’Autre ». À l’inverse, il était peuplé d’auteurs, de réalisateurs, dont les films proposaient un regard réflexif, introspectif, et alternatif sur notre monde. C’est donc tout naturellement que je me suis davantage orienté vers l’anthropologie non pas de l’ailleurs, mais celle du proche. Cela ne veut pas dire que la question de l’autre ne se pose pas, simplement qu’elle se pose de manière moins évidente (et c’est tant mieux).